🤔 L’art du « pourquoi »​, l’Ă©thique et Ă©lucubrations de designer


Durant le confinement, Gilles Deleris et Denis Gancel, accompagnĂ©s d’autres participants, ont entamĂ© des Ă©changes Ă©pistolaires passionnants et stimulants. Un temps propice Ă  la rĂ©flexivitĂ© et aux Ă©lucubrations dĂ©licieuses. Je n’ai pas rĂ©sistĂ© Ă  l’envie de leur Ă©crire. Voici ma correspondance.

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Lyon, le 25 mai 2020

Bonjour Gilles,

Merci pour ton petit message. J’apprécie ton attention au moins autant que ton art de la synthèse. Je note un emprunt non sourcé comme peuvent l’être vos échanges et vos notes de bas de pages passionnantes. La relecture des textes d’Orelsan m’invite à vérifier l’orthographe : doit-on écrire « basic » ou « basique » ?

Bon tu devines que je vais te rĂ©pondre par les chemins buissonniers. Dans l’une de tes dernières correspondances, tu parlais de l’homme avec un grand « F » et de la femme avec un grand « H ». Voici lĂ  quelques prĂ©textes Ă  rĂ©flexivitĂ©, puisque le grand confinement nous offre au moins ce temps-lĂ .

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Le confinement dans la cuisine de Francfort

Cela me rappelle l’histoire de la cuisine de Francfort, oĂą comment le design n’est qu’un moyen, trop souvent mis au service du « comment » et non du « pourquoi ».

On doit la « Frankfurter KĂĽche » Ă  une sacrĂ©e designeuse: Margarete SchĂĽtte-Lihotzky. Entre sa naissance viennoise au 19e siècle, et sa disparition 18 jours après le bug de l’an 2000, cette grande dame a traversĂ© 3 siècles. Elle a Ă©tĂ© la première femme architecte (ou designeuse de l’habiter) dans son pays natal.

Vers 1926, elle Ă©labore cette fameuse cuisine pour un projet d’habitat social. Quelque 10 000 exemplaires de son prototype ont Ă©tĂ© construits Ă  Francfort, Ă  la fin des annĂ©es 20.

Son questionnement Ă©tait de « comment faciliter la vie des femmes ». InfluencĂ©e par le taylorisme, SchĂĽtte-Lihotzky a Ă©tudiĂ© et compilĂ© gestes et dĂ©placements des mĂ©nagères. Elle s’est aussi rĂ©fĂ©rĂ©e aux cuisines des wagons-restaurants, qui utilisaient un minimum de place en offrant un maximum de confort et des Ă©quipements adaptĂ©s. C’est comme cela qu’est nĂ©e « la cuisine Ă©quipĂ©e » pour minimiser le nombre de dĂ©placements. Sa surface ne dĂ©passe pas 6,5 m2, soit la taille moyenne d’une cellule de prison.

À partir des années 70 et 80, le regard sur la « cuisine de Francfort » commence à changer. Les intentions émancipatrices qui avaient motivé son développement se délitaient sous le poids des critiques féministes. L’extrême rationalisme et la petitesse de l’espace impliquaient qu’une seule personne puisse y cuisiner avec aisance. La cuisinière était tenue à l’écart du reste de la vie domestique. Prisonnière de sa cuisine.

Nous ne pouvons blâmer la seule Margaret du fardeau que nous jetons sur son dos. Mais force est de constater l’écueil du design quand il est service du « comment » plus tôt que du « pourquoi ».

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Le pourquoi du comment ou l’art de perdre du temps pour en gagner.

Vous parliez souvent de « ralentir le rythme Â» dans vos correspondances. Prendre le temps. Pourtant notre mĂ©tier se pratique dans l’urgence. Faire en 15 jours ce qui en nĂ©cessiterait le double est un quotidien.

Dans de telles conditions, la question du sens de nos actions se pose nécessairement. Faut-il absolument presser l’accouchement d’un logo sous prétexte que le PowerPoint est urgent ?

Il semble sage, avant d’agir et, pour donner un sens Ă  son action, de commencer par questionner le Pourquoi. C’est une question qui demande du temps de cerveau disponible et nous force Ă  lever le stylo du « comment ».

J’imagine le « pourquoi » comme un grand escalier vertigineux au sommet duquel doivent se trouver les grandes questions philosophiques : pourquoi aimer ? Pourquoi vivre ? Pourquoi mourir ?

N’étant pas croyant, je n’imagine donc pas d’entitĂ© divine assise sur la dernière marche de cet escalier. Pas de vieux barbu fumant des havanes, ce qui pourtant serait pratique pour rĂ©pondre Ă  ma fille « papa, comment on fabrique les nuages ? Â».

Non, il s’agirait probablement d’un escalier tendant vers l’infini. On s’approche de la métaphysique, ce qui me rappelle combien la disparition de l’enseignement de la philosophie est une erreur monstrueuse. Mais on s’éloigne du sujet.

Si le pourquoi prend de la hauteur, alors que le « comment » doit davantage ressembler à un chemin. Après tout le sens du terme latin d’origine « designare » n’indique-t-il pas « le chemin vers » ?

C’est entre ces deux axes que la magie du design intervient. Sauf à imaginer être en possession de l’ensemble des connaissances existantes, il semble délicat de s’engager dans une seule voie, au risque d’aboutir à l’impasse du « fast-design », ce design passe-partout qui ne mène nulle part.

Il nous faut donc en permanence effectuer des aller-retour entre le pourquoi et le comment, le fameux « pourquoi-du-comment ».

Le designer dispose deux compĂ©tences extraordinaires en la matière, son art de l’imagination, le fameux champ des possibles, et sa capacitĂ© Ă  prototyper, comme l’éclaireur qui dĂ©blaie un chemin dans la forĂŞt. Les bras et la tĂŞte.

C’est seulement en exerçant ces deux arts qu’il peut « baliser » le terrain, condition sinequanone à la bonne définition du problème posé, et donc à la meilleure réponse possible, celle qui sera utile, et donc durable.

Le pourquoi interroge la cause et la finalitĂ©. Nos clients arrivent plus souvent avec un « comment » dont le « pourquoi » leur semble Ă©vident (sans quoi il ne seraient pas lĂ  Ă  nous demander de l’aide). Pourtant, n’ĂŞtre concernĂ© que par le seul « comment » c’est un peu comme « demander Ă  ses pieds quand sa tĂŞte est malade », c’est courir le risque de foncer dans le mur. Nos rĂ©ponses n’auront de sens qu’en se demandant pourquoi, pourquoi et encore pourquoi.

Reprenons l’exemple de Margaret. 1926, dĂ©veloppement des classes ouvrières, explosion dĂ©mographique, il faut construire des logements sociaux pour amĂ©liorer les conditions de vie de ces personnes. La question de « comment faciliter la vie des femmes » avait donc trouvĂ© sa rĂ©ponse avec la cuisine Ă©quipĂ©e de 6,5 m2. Pourtant, l’histoire et le temps nous inviteront Ă  nous interroger sur les consĂ©quences des grands ensembles autant que des cuisines Ă©quipĂ©es. Si la question avait Ă©tĂ© « pourquoi la cuisine serait-elle le lieu de l’émancipation des femmes ? Â» probablement aurions-nous Ă©conomisĂ© les horribles publicitĂ©s Cusinella, et gagnĂ© plusieurs annĂ©es sur l’avènement de #metoo.

Quand la cause et la finalité sont identifiées avec justesse et que le « pourquoi » guide le « comment », alors nous pouvons agir avec responsabilité, de manière utile et surtout durable. Dans le cas inverse, les designers ne sont peut-être pas coupables, mais ils restent néanmoins responsables. Nous avons à répondre de nos mauvaises réponses créatives !

Quand on sait que « rĂ©ponse » vient du latin « sponsa » signifiant la promise, la fiancĂ©e, et qu’a l’époque, la question s’adressait davantage au père qu’à la jeune fille, on boucle par une pirouette la parenthèse de l’émancipation fĂ©minine. Au passage j’aurais gagnĂ© une rĂ©ponse Ă  ma fille qui me demandait « Pourquoi la princesse s’appelle Raiponce ? Â».

Afin de revenir Ă  nos moutons par une porte dĂ©robĂ©e, il est utile de noter que le latin « sponsa » donnera aussi « sponsor Â». Et hop, baguette magique, on retombe dans le champ du marketing et de la communication.

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De notre responsabilité de se demander pourquoi !

Initialement le design a pour objectif premier de replacer l’Homme au centre des processus industriels, afin de rendre « comestible » ce que les machines et l’organisation scientifique de la production pouvaient produire.

Son rĂ´le est donc d’innover, de traduire ou de faciliter les usages des produits, des services. Ă€ ce titre le designer s’inscrit nĂ©cessairement dans une dĂ©marche humaniste, replaçant l’Homme au centre du propos.

En tant que designers graphiques, nous concevons des images, des signes, des messages, qui sont reproduits Ă  l’infini, mĂ©caniquement ou Ă©lectroniquement. Chaque image rejoint la cohorte de messages promotionnels et informationnels qui envahissent nos environnements.

En mettant au monde nos meilleures idĂ©es, en les vendant Ă  nos clients, nous prenons nĂ©cessairement une part de la responsabilitĂ© de leurs rĂ©ussites ou de leurs Ă©checs. Et si le seul indicateur n’a longtemps Ă©tĂ© que financier, force est de constater la piètre valeur de ce seul indicateur au regard de la pollution visuelle et conceptuelle de ces 30 dernières annĂ©es.

Aujourd’hui, les indicateurs changent. Les urgences aussi. La politique de responsabilitĂ© sociĂ©tale entre dans le monde de l’entreprise. Bon, souvent la RSE ressemble au RSA, et fait office de pis-aller aux entreprises en quĂŞte de bonne conscience.

MalgrĂ© cela, le designer, aussi dĂ©pendant soit-il aux arguments du marchĂ©, porte en lui un formidable rĂ©servoir de ressources : sa crĂ©ativitĂ©.

Dès lors qu’il pose une idĂ©e sur la table de son client, il sait qu’il restera le parent de cette idĂ©e, et sera Ă  ce titre, au minimum, moralement louable ou condamnable des effets de cette dernière. Prendre le temps, c’est laisser la possibilitĂ© aux idĂ©es de mĂ»rir. C’est Ă©pargner les autres de nos idĂ©es mĂ©diocres.

La métaphore s’applique aussi aux designers eux-même. Répondre aux « pourquoi » demande quantité de temps et d’expériences. Je survolerais ici la question du « jeunisme » de notre métier. Tant qu’il sera concentré sur le « comment » notre métier conservera une moyenne d’âge de trente ans. Il faut de la bouteille pour répondre aux « pourquoi ».

D’ailleurs, je me souviens de l’une de mes premières interrogations en entrant dans le monde professionnel : « Pourquoi existe-il si peu de designer graphique de plus de 40 ans ? ».

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De l’art de la promesse et du mariage

En tant que crĂ©ateurs, rĂ©gulièrement coupables de fausses promesses, de colportage de stĂ©rĂ©otypes, de temps de cerveau volĂ© Ă  d’autres activitĂ©s plus utiles Ă  l’humanitĂ©, et face Ă  la pression monstrueuse de l’horloge de nos clients, nous sommes souvent dĂ©semparĂ©s. Quel est le sens de notre mĂ©tier…

Avec nos clients, nous devons passer du mariage (Ă©conomiquement) forcĂ©, au mariage d’intĂ©rĂŞts partagĂ©s, pour viser le mariage d’amour. Alors, nous pourrons agir de manière plus sensĂ©e et durable. 

En matière de mariage je vois plusieurs stratégies :

  • Dire « non ! », je ne plierais pas Ă  vos conditions. Bon, OK, Ă  court terme, le mariage tombe Ă  l’eau. Mais rien n’empĂŞchera les prĂ©tendants de se retrouver le moment venu. Et puis, un de perdu et dix de retrouvĂ©s.
  • Dire « Oui mais… ». Pas de fausse promesse. Une attitude raisonnable visant Ă  exposer ses conditions avant d’aller plus loin. On sait que cela demande courage, diplomatie et beaucoup de pĂ©dagogie.

Jusque-là, c’est assez classique. En entreprise, ces réponses sont généralement prononcées par la direction. Le salarié, s’il n’a pas voix au chapitre, conserve tout de même « le droit de se taire à jamais », un peu comme dans 4 mariages et un enterrement. Voici la stratégie du « Oui-Oui ».

Il y aurait tant d’autre chose Ă  raconter sur la « sponsa » (la promesse). A commencer par la promesse en marketing. Les promesses n’engagent que ceux qui les Ă©coutent, et dans un monde pressĂ©, atomisĂ© et individualiste, l’insensĂ© va toujours se produire et se reproduire au fur et Ă  mesure que les belles promesses s’envolent. Infine, c’est le chacun pour soi qui l’emporte.

« Les paroles s’envolent, les Ă©crits restent »

Ă€ l’inverse, le contrat (la loi) engage tous ceux qui le signent. Le contrat a besoin de tiers extĂ©rieurs pour en contrĂ´ler et faire appliquer les termes. En cas de non-respect, il y a une sanction. Pour continuer de filer la mĂ©taphore du mariage appliquĂ©e au monde des entreprises, c’est la presse qui joue le rĂ´le de tĂ©moin, et c’est l’État qui joue le rĂ´le du prĂŞtre. Attendre des entreprises qu’elles respectent leurs seules promesses c’est faire preuve de naĂŻvetĂ©. Rien ne vaut l’efficacitĂ© d’un bon contrat. 

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Regulating® vs Contributing®

C’est Ă  ce moment-lĂ  qu’arrive la notion de « contributing® Â». Je ne pouvais m’immiscer dans votre correspondance, Ă  toi, Denis et les autres, sans m’arrĂŞter quelques instants sur cette notion qui est centrale dans vos Ă©changes.

Notons dĂ©jĂ  l’anglicisme qui vient disqualifier partiellement la sincĂ©ritĂ© du propos. Notons ensuite le « ® » qui emporte une part de l’altruisme contenu dans le mot.

Mais dans le fond, selon moi, le problème est ailleurs.

Mettre en avant la notion de contribution, revient Ă  manipuler une Ă©nième promesse d’action vertueuse, or la rhĂ©torique de la promesse est illusoire, peut-ĂŞtre mĂŞme dangereuse. La promesse est un moyen, et non une fin. Concentrer nos Ă©nergies sur la dĂ©finition de la promesse c’est perdre de vue la finalitĂ©. C’est rĂ©pondre Ă  la question « comment engager les entreprises sur le chemin de la responsabilitĂ© sociale et environnementale », sans vraiment rĂ©pondre Ă  la question « pourquoi devons-nous attendre des entreprises qu’elles agissent avec vertu ? ».

Laisser croire que l’engagement sociĂ©tal devrait ĂŞtre au cĹ“ur de toutes les entreprises me semble ĂŞtre une erreur. Les expĂ©riences en la matière sont lĂ©gion (Scandale Volkswagen, l’obsolescence programmĂ©e chez Apple, la fuite des donnĂ©es chez Facebook…). On peut Ă©videmment leur laisser cette libertĂ© d’Ă©nonciation, mais la valeur de ces promesses restera bien piètre, et la crise de la confiance perdurera.

Une entreprise qui vous dit « je vais contribuer » c’est un peu comme ma fille qui me dit qu’elle va dĂ©barrasser la table, elle y pense une fois sur dix. Au final, je suis bien dupe Ă  croire Ă  ses belles promesses, et les Ă©couter ne fait que retarder la mise en place de règles efficaces. Ma fille n’a pas du tout apprĂ©ciĂ© de manger deux jours de suite dans la mĂŞme assiette sale. L’affaire Ă©tait rĂ©glĂ©e.

Derrière l’idĂ©e de « Contributing® » je perçois aussi vaguement l’idĂ©e du capitalisme philanthropique. Cette idĂ©e que l’entreprise pourrait s’enorgueillir Ă  agir pour le bien commun. Cela pose inĂ©vitablement la question d’une possible opĂ©ration de blanchiment Ă©thique. Ce seul sujet pourrait ouvrir un pan entier de rĂ©flexions critiques. Je m’en exempte dans ce courrier.

A mon sens, c’est donc davantage par le contrat que l’on pourra faire changer les choses. RĂ©gulation, un mot qui fait peur. Le monde de l’entreprise, très attachĂ© Ă  la notion de libertĂ© n’aime pas vraiment cette idĂ©e. Rebaptisons-la donc « Regulating® Â» pour le rendre plus sexy.

Suivant ce raisonnement, si nous voulons rĂ©ellement transformer la sociĂ©tĂ©, il apparait bien plus efficace de concentrer nos efforts sur le renforcement du rĂ©gulateur, en l’espèce l’État et ses instances dĂ©mocratiques. 

Ainsi les entreprises qui s’engageront dans la dĂ©finition de normes collectives et dans la fabrique de la loi, de manière transparente et dĂ©mocratique, auront bien plus d’impact sur le monde de demain qu’avec n’importe quelle belle promesse. Associations, organisations professionnelles, syndicats me semblent encore plus incontournables dans le monde de demain, et le dĂ©veloppement du rĂ´le du Conseil Ă©conomique, social et environnemental (CESE) devrait ĂŞtre une prioritĂ© des entreprises vĂ©ritablement concernĂ©es par la question de la RSE. C’est essentiellement Ă  cet Ă©chelon que les choses pourront progresser.

Tu l’auras devinĂ©, je suis un fervent dĂ©fenseur des professions rĂ©glementĂ©es. Ă€ quand un « serment d’Hippocrate » propre aux designers ? À quand un ordre des designers ?

C’est vrai, pourquoi seules les professions règlementĂ©es (ex: mĂ©decins, architectes, avocats…) auraient-elle droit Ă  ces cadres Ă©thiques ? Toutes les professions devraient pouvoir s’inscrire dans ce type de logiques. Un mĂ©decin qui manquera d’Ă©thique se verra radiĂ© de l’ordre. Pourquoi ne pourrait-il pas en ĂŞtre de mĂŞme dans l’ensemble des mĂ©tiers ?

Dans tous les cas, Ă  dĂ©faut de mouiller la chemise en participant aux rĂ©flexions et autres gouvernances collectives, le principal « contributing® » des entreprises doit rester le paiement de l’impĂ´t.

A-t-on déjà vu une entreprise demander une majoration de son assiette fiscale ? Voilà ce que serait un véritable « contributing® » !

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Témoin et transparence

Il y a aussi un autre point de vue dans l’Ă©quation du contrat, c’est le tĂ©moin.

Journalistes, associations, ONG, mais aussi les salariĂ©s, tous sont de vĂ©ritable contre-pouvoir qu’il faut protĂ©ger. Sans aller jusqu’Ă  la promotion du lanceur d’alerte, un rĂ´le si peu enviable pour celui qui se sacrifie, on peut se demander comment les entreprises pourraient s’engager dans le renforcement des tels contre-pouvoirs.

Dis comme ça, cela semble totalement utopiste. Quelle entreprise souhaiterait renforcer ses contre-pouvoirs ? Pourtant, une entreprise vertueuse qui laisserait de la place à ses contre-pouvoirs apparaitrait encore plus légitime à exercer son propre pouvoir. CQFD.

C’est lĂ  que la transparence intervient. Un autre mot bien difficile Ă  faire prononcer dans les entreprises, secret des affaires oblige. L’avantage de la transparence, c’est qu’elle ne se promet pas, mais qu’elle se dĂ©montre.

En tant que designers, nous avons un rôle dans la promotion de la transparence. À travers nos créations, nous pouvons commencer par créer avec transparence, en laissant visibles les traits de construction dans nos dessins ou en ouvrant nos carnets de recherche aux regards extérieurs. La transparence est belle, même quand elle laisse voir les failles et les imperfections. Il ne faut pas avoir peur de révéler nos recettes, nos processus, nos codes sources et quand nous œuvrons pour nos clients, nous ne manquons jamais de loyauté lorsque nous agissons avec transparence. Bien au contraire.

La transparence est un terreau qui se cultive et s’entretient. C’est une philosophie qui se pratique au quotidien et c’est comme pour les frittes, c’est ceux qui en parlent le moins qui en font le plus. Dès lors faire de la transparence un argument marketing rĂ©vĂ©lerait immĂ©diatement la manĹ“uvre grossière.

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Pour conclure, merci de m’avoir offert l’occasion de questionner l’Ă©thique dans nos mĂ©tiers. Confronter ses rĂ©flexions avec ses pairs est indĂ©niablement stimulant. D’ailleurs, je me demande bien pourquoi c’est si stimulant… 🤔

Arggg ! stop aux « pourquoi » ! J’en peux plus des « pourquoi ». C’est interminable et fatiguant les « pourquoi ». Je vais retourner me reposer avant de me reposer d’autres questions !

Amicalement,

Mathias


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