
Manifeste-it !
C’est l’histoire d’un petit carrĂ© jaune.
Quelques centimÚtres carré, modeste, il est en papier.
Mais son format est un grain de sable.
Un petit carré de papier, ça ne paye pas de mine.
Mais répété, multiplié, disséminé, il devient un réseau.
C’est un murmure qui devient un chĆur,
une arme de réflexion massive.
Refusons la violence et le vandalisme.
Optons pour l’Ă©phĂ©mĂšre Ă rĂ©pĂ©tition.
Il faut croire aux petits gestes,
à la poésie des armes douces.
et aux acte de tendresse politique.
Des messages minuscules, poétiques, drÎles ou rageurs.
Des éclats de couleur dans le gris de la ville
Des pensĂ©es libres au dĂ©tour dâun escalier de mĂ©tro.
Des slogans doux qui sâinvitent sur les vitrines des supermarchĂ©s.
Câest une action lĂ©gĂšre.
Câest une action fragile.
Et câest prĂ©cisĂ©ment ce qui la rend puissante.
Parce que la rĂ©sistance peut ĂȘtre douce.
Parce que la poĂ©sie peut ĂȘtre politique.
Parce quâun post-it peut dire plus quâune affiche de 4×3.
Nous sommes des milliers de petites voix collées sur les murs du quotidien.
ĂphĂ©mĂšres, tenaces, discrĂštes mais contagieuses.

La non-violence comme stratégie
Depuis Gandhi au début du XXe siÚcle, la non-violence est devenue une arme redoutable. Gandhi parlait de satyagraha (« la force de la vérité ») : résister sans frapper, désobéir sans détruire.
Aux Ătats-Unis, Martin Luther King a repris cette mĂ©thode pour le mouvement des droits civiques, avec les sit-ins ou les marches pacifiques. LâidĂ©e est simple : montrer lâinjustice par un geste qui ne reproduit pas la violence.
Dans les annĂ©es 1960, les situationnistes (Guy Debord, Raoul Vaneigem) affirmaient que dĂ©tourner les signes du quotidien pouvait rĂ©vĂ©ler lâabsurditĂ© de la sociĂ©tĂ© de consommation.
Les slogans de Mai 68 (« Sous les pavés, la plage ») ont marqué durablement les murs et les esprits, en combinant poésie et critique sociale.
Certaines luttes choisissent la voie des gestes modestes et discrets.
- En Pologne, dans les années 1980, le syndicat clandestin Solidarnosc utilisait des autocollants et des symboles codés pour contourner la censure.
- Plus rĂ©cemment, le Yarn Bombing (ou tricot-graffiti) recouvre le mobilier urbain de laine colorĂ©e : une protestation joyeuse et pacifique, qui attire lâĆil sans rien dĂ©truire.
- Ă Hong Kong, en 2014, le « Lennon Wall » sâest couvert de milliers de post-it porteurs de messages citoyens pendant le Umbrella Movement.

Pourquoi le post-it ?
- Non violent : il n’abime rien, ne vandalise rien…
- Accessible : tout le monde en a, tout le monde peut écrire dessus.
- Réplicable : un seul message est fragile, mais des centaines deviennent un murmure collectif.
- Poétique : petit, coloré, inattendu, il surprend le passant et interrompt sa routine.
Un post-it militant est Ă la fois minuscule et puissant.
Minuscule, parce quâil se limite Ă quelques mots sur un carrĂ© de papier.
Puissant, parce quâil sâinscrit dans une tradition sĂ©culaire de rĂ©sistances non violentes, oĂč le geste symbolique peut fissurer les habitudes, interroger les Ă©vidences et inspirer le changement.
Quelques images…
Une opération de post-it bombing à la gare St-Paul de Lyon.



© Photos : Mariana Valoni 2021
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