📔 Faire la rĂ©volution avec des post-it



Manifeste-it !

C’est l’histoire d’un petit carrĂ© jaune.
Quelques centimÚtres carré, modeste, il est en papier.
Mais son format est un grain de sable.

Un petit carré de papier, ça ne paye pas de mine.
Mais répété, multiplié, disséminé, il devient un réseau.
C’est un murmure qui devient un chƓur,
une arme de réflexion massive.

Refusons la violence et le vandalisme.
Optons pour l’Ă©phĂ©mĂšre Ă  rĂ©pĂ©tition.

Il faut croire aux petits gestes,
à la poésie des armes douces.
et aux acte de tendresse politique.

Des messages minuscules, poétiques, drÎles ou rageurs.
Des éclats de couleur dans le gris de la ville
Des pensĂ©es libres au dĂ©tour d’un escalier de mĂ©tro.
Des slogans doux qui s’invitent sur les vitrines des supermarchĂ©s.

C’est une action lĂ©gĂšre.
C’est une action fragile.
Et c’est prĂ©cisĂ©ment ce qui la rend puissante.

Parce que la rĂ©sistance peut ĂȘtre douce.
Parce que la poĂ©sie peut ĂȘtre politique.
Parce qu’un post-it peut dire plus qu’une affiche de 4×3.

Nous sommes des milliers de petites voix collées sur les murs du quotidien.
ÉphĂ©mĂšres, tenaces, discrĂštes mais contagieuses.


La non-violence comme stratégie

Depuis Gandhi au dĂ©but du XXe siĂšcle, la non-violence est devenue une arme redoutable. Gandhi parlait de satyagraha (« la force de la vĂ©ritĂ© ») : rĂ©sister sans frapper, dĂ©sobĂ©ir sans dĂ©truire.

Aux États-Unis, Martin Luther King a repris cette mĂ©thode pour le mouvement des droits civiques, avec les sit-ins ou les marches pacifiques. L’idĂ©e est simple : montrer l’injustice par un geste qui ne reproduit pas la violence.

Dans les annĂ©es 1960, les situationnistes (Guy Debord, Raoul Vaneigem) affirmaient que dĂ©tourner les signes du quotidien pouvait rĂ©vĂ©ler l’absurditĂ© de la sociĂ©tĂ© de consommation.
Les slogans de Mai 68 (« Sous les pavĂ©s, la plage ») ont marquĂ© durablement les murs et les esprits, en combinant poĂ©sie et critique sociale.

Certaines luttes choisissent la voie des gestes modestes et discrets.

  • En Pologne, dans les annĂ©es 1980, le syndicat clandestin Solidarnosc utilisait des autocollants et des symboles codĂ©s pour contourner la censure.
  • Plus rĂ©cemment, le Yarn Bombing (ou tricot-graffiti) recouvre le mobilier urbain de laine colorĂ©e : une protestation joyeuse et pacifique, qui attire l’Ɠil sans rien dĂ©truire.
  • À Hong Kong, en 2014, le « Lennon Wall » s’est couvert de milliers de post-it porteurs de messages citoyens pendant le Umbrella Movement.


Pourquoi le post-it ?

  • Non violent : il n’abime rien, ne vandalise rien…
  • Accessible : tout le monde en a, tout le monde peut Ă©crire dessus.
  • RĂ©plicable : un seul message est fragile, mais des centaines deviennent un murmure collectif.
  • PoĂ©tique : petit, colorĂ©, inattendu, il surprend le passant et interrompt sa routine.


Un post-it militant est Ă  la fois minuscule et puissant.
Minuscule, parce qu’il se limite Ă  quelques mots sur un carrĂ© de papier.
Puissant, parce qu’il s’inscrit dans une tradition sĂ©culaire de rĂ©sistances non violentes, oĂč le geste symbolique peut fissurer les habitudes, interroger les Ă©vidences et inspirer le changement.

Quelques images…

Une opération de post-it bombing à la gare St-Paul de Lyon.

© Photos : Mariana Valoni 2021


Commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *