🗳️ Une démocratie directe


Une “démocratie directe” sans changer de constitution

Depuis l’épisode des gilets jaunes, on a compris que le « ras-le-bol démocratique » ne peut pas être réduit à une forme de désintérêt ou de je-m’en-foutisme. Au contraire, cette contestation a révélé un profond attachement aux idéaux démocratiques et une farouche volonté de retrouver une démocratie plus participative, plus juste et plus proche des citoyens.

L’impuissance démocratique

Sous les gilets jaunes, à l’arrière des ronds-points, loin des berlines, autour des braséros, les héros ordinaires exprimaient leur colère face à l’impuissance démocratique vécue. Tu m’étonnes, ça fait des décennies qu’ils se sentent écartés des processus de décisions.

C’est dans ce contexte que le Référendum d’Initiative Citoyenne (RIC) est revenu au gout du jour. Enfin, jusqu’au refus d’Emmanuel Macron de l’instituer. Autre démarche de démocratie participative, en 2020, la Convention citoyenne pour le climat a adopté 149 propositions dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique.

Un « fail » magistral le gouvernement n’ayant repris que 10% des propositions. De quoi, mettre en colère les citoyens, avec ou sans gilet jaune !

La fin de l’homme providentiel

L’hyperpersonnalisation en politique, incarnée par la figure de l’homme providentiel, pose de nombreux problèmes. La figure jupitérienne et autres leaders charismatiques reposent systématiquement sur des narrations simplistes, opportunistes et démagogiques.

Les débats se réduisent à des slogans ou à des promesses irréalistes. Les idées se polarisent entre opposants et partisans du leader. « Je suis celui qui peut tout résoudre » étant l’archétype de ce discours populiste.

À ce stade, on se doute qu’une démocratie mature reposerait non sur des figures individuelles, mais sur des mécanismes collectifs et sur une forte implication des citoyens. Dans ce monde idéal, les décisions seraient prises collectivement dans des structures où le pouvoir serait réparti de manière égale entre tous les participants, sans hiérarchie.

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Contenu de l’article

Détournement du droit de marques

C’est à ce moment du récit que le scénario va se complexifier un peu. Accrochez-vous, il va falloir suivre la logique.

Imaginez un parti politique intitulé mon « Mon Beau Parti« . Par souci d’efficacité, nous le nommerons le « MBP« . Ce parti dépose son nom au titre de marque à l’INPI. Ce dépôt lui offre une protection juridique et surtout une exclusivité d’exploitation. Jusque là, rien de nouveau, tous les partis font cela.

Lors des élections législatives, le futur candidat est invité à modifier son identité civile pour rajouter le pseudonyme « MBP ». Ce pseudonyme correspondra à la marque déposée par le parti.

L'histoire de la Ve république a déjà croisé des hommes politiques ayant utilisé des pseudonymes. C'était fréquent, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, que les résistants conservent leur nom de guerre. Par exemple, l'ancien député de l'Allier s'est fait élire avec son pseudonyme Pierre Villon alors qu'il était né Roger Ginsburger. 

On sait qu’un pseudonyme peut être mentionné sur un bulletin de vote, même si il doit être accompagné du nom légal. Finalement c’est un peu comme une licence de marque, qui autorise Mr Machin à exploiter la marque « MBP » selon les termes du contrat.

L’idée générale étant d’éviter l’hyper-personnalisation au profit du projet collectif, le candidat est obligé de communiquer uniquement avec son pseudonyme « MBP ». Mr Machin doit rester un parfait inconnu aux yeux du grand public. Seul « MBP » serait identifié. Même les réseaux sociaux sont au nom de « MBP ».

Une fois élu député, « MBP » la licence de marque stipule que le député s’engage à consulter les membres du parti en amont de chaque décision et à voter selon les résultats du vote des membres du parti. Le député est donc contrôlé par le contrat de licence de marque. En cas de non-respect du cadre contractuel, sa licence de marque lui sera retirée. Il devra retirer son pseudonyme, et redeviendra un anonyme aux yeux du grand public, sans surface médiatique pour exister individuellement. Sa vie politique s’arrête là.

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En fait, ce scénario abracadabrantesque fait soudainement réaliser que nous envisageons la démocratie uniquement autour de la représentation de personnes physiques, alors qu’il existe d’autres modes de représentation juridique. La personne morale (entreprise, association…) étant la plus fréquente. En effet, pourquoi ne vote-t-on pas pour des collectifs ?

Il existe un exemple, il s’agit des élections syndicales des branches professionnelles. Elles sont centrées sur les organisations syndicales elles-mêmes et non sur des individus. Les électeurs votent pour une organisation syndicale, pas pour des candidats nommés.

🤔 Comme quoi ce n’est pas fou d’imaginer voter pour des collectifs plutôt que pour des individus !


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