🪪 Un haïku sur la carte d’identité


L’idée est simple, il s’agirait de rendre obligatoire l’écriture d’un poème sur la carte d’identité. Chaque citoyen, en âge de renouveler sa carte d’identité, se verrait obligé d’écrire un poème qui serait reproduit au dos de sa carte.

Ce serait un poème court, quelques vers, librement écrits, et qui renseignerait de l’identité intérieure, imaginaire ou rêvée du porteur de la carte. L’état civil serait rebaptisé l’État civil et poétique. Ce poème aurait une valeur juridique, par exemple, sur le formulaire des impôts, après les champs « Nom, Prénom, Age, Profession… » il y aurait le champ « Poème ».

D’ailleurs imaginez les contrôles de police :

– Bonjours, contrôle d’identité, papiers s’il vous plaît !

– Pierre Machin, 28 ans, « Une nuit, un cracheur de feu éclairant la lune, poudre d’escampette plein les mains, s’apprête à escalader ses plus grands rêves »

– Parfait, tout est en règle. Bonne journée. Pardon, bonne nuit 😉

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Un état civil et poétique

Cette idée d’un « État civil et poétique » où chaque citoyen serait envisagé comme un poète est évidemment subversive. Passé la légèreté du propos, c’est une idée qui interroge la notion d’identité, d’expression personnelle et de la relation entre l’individu et l’État.

Demander à chaque citoyen d’inventer un poème associé à sa carte d’identité introduit la reconnaissance de la subjectivité et l’intériorité de l’individu, au-delà des simples informations utilitaires. Ce poème d’identité réinvente ce que signifie « être un citoyen » en introduisant l’imaginaire dans une sphère purement administrative. La poésie devient un acte politique, un droit et un devoir citoyen.

Ce détournement d’un outil de surveillance (la carte d’identité) en un espace d’expression personnelle et poétique est un geste de « résistance douce » à la bureaucratisation. Il est certain que Michel Foucaut, auteur de « Surveiller et punir » (1975), aurait souscrit à cette idée !

Ce projet pourrait ouvrir des débats passionnants sur la place de l’imaginaire dans nos sociétés, sur les formes nouvelles de citoyenneté, et sur la redéfinition de ce que serait la notion d’identité. En effet, l’identité est systématiquement envisagée comme l’identité reçue (héritée de ses origines, de ses ancêtres) et non comme l’identité choisie (élaborée et définie par soi-même).

Ce haïku d’identité refuse donc qu’une personne soit réduite à une série de faits immuables. Il invite chaque individu à se penser comme un être singulier, inimitable. Dans ce contexte, la poésie exprimerait à la fois ce qui nous lie au monde et ce qui nous en distingue.

Il serait alors l’heure d’ouvrir la page d’un nouvel humanisme administratif, où chaque citoyen serait vu comme une œuvre en devenir.


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